C'est quoi la néphrologie ?
La Néphrologie est la plus jeune des spécialités médicales, elle étudie l’ensemble des maladies rénales et reste encore mal connue du public. La description princeps des maladies rénales remonte à l’antiquité. Les textes les plus anciens, les décrivant, proviennent de la région de Babylone, il y a un peu plus de 2000 ans. Dans l’ancienne Égypte, on a retrouvé des descriptions de troubles urinaires, en particulier dans le célèbre papyrus Ebers (1550 avant J.C). Cependant, on doit le terme de « néphrite », qualifiant une maladie rénale, à Hippocrate (médecin grec du siècle de Périclès vers 500 avant JC), car en grec ancien « nephros » signifiait rein.
L’étude des fonctions et des maladies rénales progressa au 17ème siècle, avec les études en microscopie optique de Malpighi, se poursuivit au 18ème siècle, avec la découverte et la mesure de l’urée et de la protéinurie par R. Bright, et au 19ème siècle avec la compréhension de la formation de l’urine par Bowman. C’est à cette époque que le terme « néphrologie » apparaît dans le dictionnaire Littré pour définir l’étude des maladies rénales (nephros le rein et logos le discours et par extension l’étude).
Il fut exhumé par Jean Hamburger en 1960, à l’occasion de la création de la Société Internationale de Néphrologie, dont il fut le premier président. A partir de cette période, la néphrologie a pris son essor, marquée notamment par le développement de l’hémodialyse, suppléance artificielle rénale pour les patients au stade ultime de l’insuffisance rénale chronique (IRC), réservée jusqu’alors aux formes aigues, mais également par la transplantation rénale, suppléance d’organe permettant une guérison de l’IRC. Ces traitements de suppléance n’ont cessé de progresser au fil des années. Parallèlement au cours des années 80, des études italiennes et françaises ont montré que des régimes restrictifs en apports protéiques étaient susceptibles de ralentir la progression de l’insuffisance rénale. A la même époque, l’introduction de médications antihypertensives, notamment celles assurant le blocage du système rénine-angiotensine-aldostérone, permirent de ralentir la progression de la maladie rénale et de réduire la protéinurie. Le concept de néphroprotection était né, modifiant la prise en charge de la maladie rénale chronique (MRC), terminologie nouvelle qui englobait toutes les maladies rénales avec ou sans altération de la fonction rénale.
Au cours des 30 dernières années, des efforts particuliers ont été mis en place pour réduire la morbidité et la mortalité cardiovasculaire de la MRC. Les résultats sont très encourageants mais encore insuffisants, car malheureusement la MRC demeure méconnue et la prise en charge est souvent tardive. Un éditorial récemment publié dans la revue « Kidney International », rapporte que la MRC est aujourd’hui la septième cause mondiale de mortalité des maladies non transmissibles. Approximativement, 10% de la population mondiale est atteinte d’une MRC dont beaucoup ne sont pas reconnues, malgré des facteurs de risque bien identifiés tel le diabète sucré, l’hypertension et les maladies cardiovasculaires. Depuis le début des années 90, la prévalence de la MRC a fait un bond de 11% à plus de 15% au cours de la dernière décade, avec des conséquences économiques sur les systèmes de santé, et des conséquences psychologiques et un fardeau émotionnel pour les patients et leurs familles. Le déclin progressif de la fonction rénale s’accompagne de symptômes qui altèrent la qualité de la vie, raccourcissent l’espérance de vie du fait d’un risque accru de maladies cardiovasculaires et de pathologies intercurrentes (infections, dénutrition, fragilité osseuse, anémie, maladies oncologiques, mort subite, troubles neurocognitifs).
En France, le registre REIN (Réseau Epidémiologique et Information en Néphrologie) nous apprend ainsi qu’en 2021, 52 000 patients atteints d’une IRC étaient traités par dialyse tandis que 42 000 vivaient avec un greffon rénal fonctionnel. Des études scientifiques récentes, confirment qu’une prise en charge précoce et optimisée de la maladie rénale, permet de ralentir la progression de l’insuffisance rénale, en combinant des éléments diététiques et des traitements médicamenteux spécifiques. Ces éléments sont détaillés dans cet ouvrage.